Dédié à la protection des mammifères marins des Antilles françaises, le Sanctuaire Agoa est une aire marine protégée gérée par l’Office français de la biodiversité.
Le sanctuaire Agoa est une des plus grandes aires marines protégées françaises, englobant les espaces marins des îles de la Martinique, de la Guadeloupe, de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, sur une surface totale de 143 256 km² .
Créé en 2010, le Sanctuaire Agoa est officiellement reconnu en tant qu’aire marine spécialement protégée au titre du protocole SPAW (Specially Protected Areas and Wildlife) de la Convention de Carthagène en 2012 et obtient ainsi un statut international.
Le Sanctuaire Agoa est gouverné par une Conférence des Acteurs, composée de 32 membres représentant les différentes parties prenantes de la protection des cétacés des Antilles françaises :
Le Sanctuaire Agoa a pour objectif d’assurer la protection des mammifères marins et de leurs habitats face aux impacts directs ou indirects, potentiels ou avérés, des activités humaines.
Baleines, cachalots, dauphins, orques, pseudorques, globicéphales… Ce ne sont pas moins de 26 espèces de cétacés qui ont été identifiées au sein du Sanctuaire Agoa, soit près d’1/3 des cétacés que l’on retrouve sur la surface du globe. Alors que certaines de ces espèces résident en permanence dans les eaux du Sanctuaire, d’autres, migratrices, n’y sont présentes qu’en période de reproduction ; c’est notamment le cas de la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae).
Parmi les cétacés observés dans le Sanctuaire Agoa, deux espèces sont considérées comme menacées dans les Antilles françaises et sont inscrites sur la liste rouge de l’IUCN au niveau régional : la baleine à bosse, classée « Vulnérable », et le grand cachalot, « En danger ».
Les cétacés jouent des rôles écologiques majeurs et participent ainsi au maintien de l’équilibre des écosystèmes marins.
En fin de vie, les baleines séquestrent au fond des océans tout le CO2 absorbé par l’alimentation au cours de leur vie, 33 tonnes en moyenne. Leur alimentation et leur digestion permettent également de remettre en circulation des nutriments essentiels à la production du phytoplancton, qui est à la base des réseaux trophiques marins. Plus généralement, de par leur position en haut de la chaîne alimentaire, les cétacés participent à la stabilité des écosystèmes.
Les cétacés sont ainsi qualifiés d’ « espèces parapluie », leur présence étant primordiale à la préservation des autres espèces dépendant du même écosystème.
Les cétacés du Sanctuaire Agoa sont soumis à tout un ensemble de pressions :
Face à ces pressions, les missions du Sanctuaire Agoa sont multiples :
Afin de mieux connaître les mammifères marins et ainsi mieux les protéger, le Sanctuaire développe ou participe à des programmes d’acquisition des connaissances, notamment par le biais de campagnes d’observation en mer et de suivi acoustique.
Le Sanctuaire s’attache également à limiter les interactions entre les activités humaines et les cétacés et accompagne notamment l’activité de whale watching, par la formation des professionnels de l’observation des cétacés.
Le Sanctuaire forme par ailleurs les agents des services de l’Etat aux procédures et protocoles de contrôle mis en place pour s’assurer du respect de la réglementation d’approche des cétacés. Il est aussi chargé d’émettre des avis sur des projets pouvant générer des nuisances ou porter atteinte aux mammifères marins de l’aire marine protégée.
En décembre 2023, le nouveau plan de gestion du Sanctuaire Agoa a été officiellement lancé. Il détermine les objectifs de protection, de connaissance, de mise en valeur et de coopération du Sanctuaire Agoa pour la période 2023-2037 et sert de principe directeur à l’ensemble des actions quotidiennes mises en oeuvre.
Ce plan de gestion contient 8 axes stratégiques et 25 mesures opérationnelles déclinées en 80 mesures de gestion et 141 actions :
La réglementation dans le Sanctuaire Agoa
Les interactions avec les mammifères marins sont strictement encadrées dans la zone économique exclusive des îles de la Martinique, de la Guadeloupe, de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin.
Toutes les activités ayant lieu sur l’eau (kayak, paddle, bateau…), sous l’eau (plongée, snorkeling…) ainsi qu’au-dessus de l’eau (le survol de drones par exemple), sont concernées.
À l’arrêté ministériel du 1er juillet 2011 autorisant l’approche jusqu’à 100 mètres maximum des cétacés et prohibant les perturbations intentionnelles, s’ajoute un arrêté préfectoral plus restrictif, interdisant l’approche des mammifères marins à moins de 300 mètres des individus dans le Sanctuaire Agoa.
Seuls les professionnels du whale watching autorisés par le Sanctuaire peuvent s’approcher dans la bande de 300 à 100 mètres.